Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/210

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cesseurs ont eu dessein, en confirmant les Ordres cénobitiques non rentés, de fonder aux dépens du Public onze cent mille canonicats, sans autre obligation, que de psalmodier et chanter au choeur, les déchargeant de tout autre labeur et chargeant les peuples chrétiens de leur nourriture. Car de dire qu’ils ne sont point Prébendiers ou Chanoines, c’est une échapatoire frivole, puisque l’on sait, dit-il, que chaque cénobite mendiant est mieux et plus assurément prébendé de son pétitoire, que beaucoup de chanoines et de cénobites fondés ne le sont de leurs possessions, et qu’en un mot, n’aïant rien en aparence, ils possèdent tout en effet, et cela avec moins de soin, de travail, de peines et de fatigues. Car de même, continue-t’-il, que la plume tranche le fer dans le siècle où nous sommes, c’est-à-dire que les gens de judicature déterrent la Noblesse toute en vie, aussi pour le regard du cénobisme le pétitoire vaut incomparablement mieux que le possessoire. Ce qui est clair, dit-il, par des démonstrations tout évidentes. Tout ce qu’il y a de beau et de rare dans les cités les plus illustres, se voit dans les couvens de ceux, que l’on apelle mendians. S’il y a des ruines et des réparations, et quelque chose de délabrée, cela se rencontre dans les Monastères rentés : ceux-là, c’est-à-dire les mendians, sont les maîtres de toutes les consciences et de toutes les bourses des villes, et ils n’ont qu’à demander et ils ont ; ce sont des petits Dieux, ils disent et c’est fait. Manquer à correspondre à leurs volontés ou à leur désir, pour assister de vrais pauvres, c’est, dit le même Mr. du Bellay, jouer