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à perdre d’honneur, de réputation et de crédit. Ce n’est-là, dit-il, qu’une chétive idée des secrèts du Pétitoire de ces moines mendians : car on sait qu’il y a des communautés non rentées dans les grandes villes, qui en 7 ou 8 ans ont élevé des couvens de 100 et de six vingt mille écus, sans compter l’entretien, gros et abondant de 60 et 80 Frères et tant d’ornemens d’Église et de précieuse argenterie, qu’il y a dans les sacristies de semblables pauvres couvents, qui vont à plus de 100 mille écus. À votre avis, dit Mr. du Bellay, y a-t’-il de quoi exercer la patience dans ces incommodités-là et de quoi crier au ventre et à la faim sur des monceaux d’or et de bled ? Est-ce observer des voeux de pauvreté, que de vivre ainsi dans l’abondance de tous biens.

Les moines mendians, dit Mr. du Bellay, prétendent s’exemter du travail corporel et spirituel, sur ce que, disent-ils, aïant renoncé aux rentes et aux revenus en commun et en particulier, la quête et la mendicité leur tient lieu de rentes et de domaines, sans qu’ils soient obligés au travail pour gagner leur vie. Mais si cela est, voilà, dit Mr. du Bellay, une large porte ouverte à la fainéantise, à la ruine et au bouleversement de toutes les Républiques. Car si n’avoir ni rentes, ni revenus, met en état de vivre d’aumônes sans travailler, voilà tous les Argotiers, les gros Grédins, les Truans, les Gueux, les Coquins et les Bélitres à couvert de reproche, puisqu’ils n’ont ni rentes, ni revenus. Que si ceux qui se disent être dans l’état de perfection, dans la Religion parfaite, non commune et vulgaire, ont droit de vivre d’aumo-