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je ne sais, si ce n’est point cette bigarure d’habits et cette extrême variété de couleurs de capuce, de frocs et de sandales, de scapulaires et de tuniques etc., qui rendent aujourd’hui ceux qui les portent si peu considérables. Car nous voïons maintenait que ces noms de frères, de moines, de frocs et de capuces autrefois estimés, sont maintenant reçus en si mauvaise part, qu’il ne faut qu’apeller un moine par son nom pour lui déplaire. Les Fondateurs des Ordres de moines n’ont point, dit-il, déterminé la forme ni la couleur des habits, mais la simplicité et la grossièreté, pour leur inspirer des sentimens d’humilité, de pénitence et de renoncement au monde. Cette grande diversité d’habits n’a été inventée que depuis, à l’occasion de diverses réformes, qui se sont faites dans les Ordres cénobitiques, pour les distinguer les uns d’avec les autres. C’est pourquoi les uns sont tout blancs, d’autres tout noirs, d’autres blancs et noirs, d’autres tous gris, d’autres tous bruns, d’autres blancs et gris, d’autres blancs et bruns etc. Les uns ont le froc grand et large, d’autres l’ont étroit, d’autres pyramidale, d’autres long, d’autres court, les uns pointu, les autres rond et d’autres quarré, d’autres pyramidale, les uns laissent croître leur barbe, d’autres la rasent, les uns ont des ceintures de cuir, d’autres de laine, et d’autres ont des cordes qui leur servent de ceinture. Quelle étrange bigarure !

Corneille Agrippa, dans son Livre : de la vanité des sciences, les apelle des troupes de cabotins et joueurs de farces — turba Histrionum, dit-il, cuculati, vorbigeri, imberbes, funigeri, loripedes, lignipedes, nigriti,