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ils ont une tunique remplie de grandes bandes d’écarlatte et dessus un manteau couleur de feu. Ceux d’Esculape n’ont point d’autres habits que celui des Grecs et sont chaussés comme eux. Quelle diversité je vous prie, dit cet auteur, mais quelle bizarrerie ! Cependant tout cela est de l’invention des Dieux. Qui le dit ? Des fous, dit-il, qui ont voulu faire passer leur caprice pour un trait de Divinité et nous persuader qu’à faire ce que feroient les plus extravagans, il y a une sagesse plus qu’humaine et que pour être divin, il faut être aussi sot qu’eux. On s’arrête néanmoins, continue-t’-il, à ce qu’ils disent, comme aux réponses de quelques faux oracles, et leurs impostures sont parmi les hommes autant de mistères, et c’est la raison que l’on croit avoir d’honorer leurs habits et de déférer à leur folie, comme à quelque haute et extraordinaire sagesse. Voilà ce que cet Auteur disoit fort judicieusement de cette ridicule diversité de formes et de figures des habillemens de ceux, dont il se moquoit. Il en faut dire et penser de même de cette ridicule et bizarre diversité de formes et de figures des habillemens de nos moines ; car ils ne sont certainement pas moins ridicules que ceux, dont il se moquoit.

Voici ce que Mr. l’Evêque du Bellay en disoit lui-même : Les anciens moines, dit-il, ne s’arrêtoient point à la forme, ni à la couleur de leurs habits, ils avoient plus de soin de se revêtir de vertus que non pas de frocs, de capuces et de sandales etc. Cette variété et cette différence d’habits n’a point été vue dans l’Église dix ou onze cent ans. Et certe, dit-il,