Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/228

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cupidité, qui est insatiable, et qui est, comme on sait, la racine de tous les maux, voïant pour ainsi dire par une espèce de porte ouverte à l’accomplissement de ses désirs, elle ne manque pas de profiter de l’occasion et fait faire aux hommes tout ce qu’ils peuvent, pour avoir abondance de biens et de richesses, tant afin de se mettre à couvert de toute indigence, qu’afin d’avoir par ce moïen le plaisir et le contentement de jouir de tout ce qu’ils souhaitent, d’où il arrive que ceux, qui sont les plus forts, les plus rusés, les plus habiles et souvent même aussi les plus méchans et les plus indignes, sont les mieux partagés dans les biens de la terre et les mieux pourvus de toutes les commodités de la vie.

Il arrive de-là que les uns et ont plus, les autres moins, et souvent même que les uns prennent tout et que les autres n’ont rien, que les uns sont riches et que les autres sont pauvres, que les uns sont bien nourris, bien vêtus, bien logés, bien meublés, bien couchés et bien chaussés, pendant que les autres sont mal nourris, mal vêtus, mal logés, mal couchés et mal chaussés, et pendant même que plusieurs n’auroient point de lieu pour se retirer, qu’ils languiront de faim et qu’ils seront tout transis de froid. Il arrive de-là, que les uns se saoulent et se crèvent de boire et de manger, en faisant bonne chère, pendant que les autres meurent de faim. Il arrive de-là, que les uns sont presque toujours dans la joïe et dans les réjouissances, pendant que les autres sont continuellement dans le deuil et dans la tristesse. Il arrive de-là, que les uns sont dans les honneurs et dans la