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l’autre sur la vie de leur contre-partie, afin de se dégager entièrement, par ce moïen-là, d’un lien et d’un joug, qui leur est si odieux et si insuportable.

Qu’arrive-t’-il encore de ces mauvais mariages ? Il arrive souvent de-là que les enfans qui en naissent, sont misérables et malheureux par la faute et par la mauvaise conduite de leurs pères et de leurs mères, qui leur donnent tous les jours de si mauvais exemples, et qui négligent de les instruire et de les faire instruire, comme il faudroit dans les sciences et dans les arts, aussi bien que dans les bonnes moeurs. Et d’ailleurs comme la plupart de ceux qui s’engagent ainsi dans le mariage, sont de pauvres gens, qui ont été eux-mêmes mal élevés, mal nourris, mal entretenus et mal instruits, et qu’ils n’ont pas le moïen, ni la capacité de mieux élever, de mieux nourrir, de mieux entretenir, ni de mieux instruire ou mieux faire instruire leurs enfans, qu’ils n’ont été eux-mêmes, il arrive de-là, qu’ils demeurent toujours dans l’ignorance, dans la bassesse, dans l’ordure et dans la crasse, dans la pauvreté et dans la misère, si bien que l’on en voit souvent, qui meurent de disette et de souffrance, ou qui ne sauroient s’amender, faute d’avoir suffisamment le nécessaire à la vie. Et comme la plupart des peuples ont été ainsi mal nourris et élevés dans l’ignorance, dans la bassesse, dans la pauvreté et dans la misère, accoutumés de leur jeunesse à de rudes et pénibles travaux, et cela toujours sous la dépendance et sous la domination des Riches et des Grands de la terre, c’est-ce qui fait qu’ils ne connoissent presque point les Droits naturels de leur