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condition hmnaine, ni le tort et l’injustice qu’on leur fait, de les rendre si esclaves, si misérables et si malheureux qu’ils sont. C’est pourquoi aussi ils ne pensent presque point à se tirer d’une si grande misère, en secouant un joug qui les rend si malheureux, mais pensent seulement à vivre chétivement dans leurs peines et dans leurs misères, comme ils sont accoutumés de faire, et comme s’ils n’étoient effectivement nés, que pour servir les autres et pour vivre et mourir dans la pauvreté et dans la misère.

Qu’arrive-t’-il encore de ces sortes de mariages particuliers et indissolubles. Il arrive de-là, que lorsque des pères et mères viennent à mourir et à laisser de jeunes enfans, s’ils sont pauvres, ce sont des enfans malheureux, qui le sont doublement, qui demeurent orphelins, qui demeurent sans appui et sans protection, qui ne savent assez souvent ou s’arrêter ni ou se retirer, et qui sont obligés, au moment qu’ils peuvent marcher, de mendier misérablement leur pain de porte en porte, et avec cela fort souvent maltraités par des beau-pères et par des belle-mères, qui les traitent avec rigueur et sévérité, et s’ils ont quelque chose à dépenser, leurs biens sont souvent si mal gouvernés, qu’il ne leur reste presque rien lorsqu’ils viennent en âge d’en jouir, ce qui leur cause un très-grand préjudice. Tous ces inconvéniens-là et tous ces maux-là naissent ordinairement, et comme nécessairement, de ces sortes d’abus, dont je viens de parler.