Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/256

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faute, vous gémirez et vous implorerez dans l’amertume de votre coeur le secours de Dieu, pour vous délivrer d’une si rude sujétion, mais il ne vous écoutera pas et il vous laissera souffrir la peine que votre imprudence et votre ingratitude auront méritée. Le peuple n’eut point d’oreilles, pour écouter les avertissemens si salutaires de ce Prophète ; au contraire, il insista plus que jamais dans sa demande, ce qui obligea Samuel de leur donner effectivement son Roi ; mais ce fut entièrement contre son inclination. Car ce Prophète, qui aimoit aparemment la justice, n’aimoit pas la Roïauté, parce qu’il étoit persuadé[1], que l’Aristocratie étoit le plus heureux de tous les gouvernemens, comme dit le même Joseph.

Jamais Prophetie, si Prophetie est, ne fut plus véritablement accomplie, que celle que fit pour lors ce Prophète, car on en a vû malheureusement pour les Pauvres l’accomplissement dans tous les Roïaumes et dans tous les Siècles qui se sont passés depuis ce tems-là, et maintenant encore les Peuples n’ont que trop de malheur, de voir l’accomplissement, et particulièrement dans notre France et dans le Siècle ou nous sommes, où les Rois et les Reines même se rendent, comme feroient des petits Dieux, les maîtres absolus de toutes choses : leurs flatteurs leur persuadent, qu’ils sont absolument les maitres absolus des corps et des biens. C’est pour quoi aussi on voit, qu’ils n’épargnent nullement leurs vies ni leurs biens, mais qu’ils les sacrifient tous à leur gloire, à leur ambition, à leur

  1. F. Joseph.