Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/266

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ce même Auteur, le Roi prit cet astre pour sa devise. Si j’osois, dit-il, parler au Roi, je lui dirois volontiers, ce qu’un pirate répondit un jour à Alexandre le Grand[1]. Ce monarque, lui reprochant le vol qu’il faisoit : Je suis, dit le Corsaire, un petit brigand, mais tu en es un grand, car, non content du Roïaume que Dieu t’a donné, tu voudrois envahir toute la terre.

Il n’est rien, dit un Auteur étranger, il n’est rien de si abject, de si pauvre et de si méprisable, que le païsan de France, il ne travaille que pour les autres et a bien de la peine, avec tout son travail, à gagner du pain pour soi-même. En un mot, dit-il, les païsans de France sont absolument les esclaves de ceux, dont ils font valoir les terres et de ceux dont ils les tiennent à ferme[2] ; ils ne sont pas moins oprimés par les taxes publiques et les gabelles, que par les charges particulières, que leurs Maîtres leur imposent, sans compter ce que les Ecclésiastiques exigent injustement de ces malheureux. Ces véxations, dit-il, leur font souhaiter qu’il arrive une Révolution dans le Gouvernement, dans l’espérance que leur condition deviendroit meilleure. Les Rois de France, dit ce même Auteur[3], se sont emparés de tout le sel du Roïaume, ils obligent leurs sujèts de l’acheter d’eux aux prix qu’ils y mettent eux-mêmes. Pour cet effet ils ont des officiers partout pour le vendre, et c’est ce que l’on apelle Gabelle. Il semble qu’ils en usent ainsi, pour empêcher que leurs sujéts ne se corrompent, comme s’ils avoient peur qu’ils se pourissent

  1. Esprit de Mazarin, pag. 74.
  2. Esprit Ture. Tom. 5. Lettre 17.
  3. Ibid. Tom. 2. Lettre 34.