Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mise ; tout fuit, le Noble abandonne ses terres, le païsan son labeur et les habitans des villes leurs métiers.

La France, dit encore ce même Auteur, est aujourd’hui accablée d’un grand nombre d’exacteurs et de maltotiers, qui rongent le pauvre peuple jusqu’aux os, en telle sorte que je crains, dit l’Auteur, qu’à la fin le Roi ne perde ses Droits. On devroit, dit-il, lui conseiller, de ne plus à l’avenir déclarer la guerre si injustement à ses voisins, de ne plus jamais rompre la paix sans un juste sujèt, ni la trêve avant que terme soit expiré, par ce moïen il évitera, dit-il, la peine ou il se trouve présentement, pour chercher la paix ; qu’il ne tirannise plus son pauvre peuple comme il fait, ni les violente continuellement, pour les forcer à donner ce qu’ils n’ont point ; mais au contraire, qu’il leur serve de père, au lieu de les accabler de taxes et de nouveaux impôts[1] ; qu’il leur accorde à tous une honnête liberté, sans quoi, dit cet Auteur, on doit s’attendre à de grandes révolutions dans son Roiaume. Les Rois, comme les Peuples, dit ce même Auteur, sont également sujèts aux loix, et c’est à tort que les Rois de France se croïent au-dessus des Loix divines et humaines. Le Roi Louis XIV,[2] voïant que la Fortune le favorisoit, s’est laissé persuader avec plaisir, qu’il étoit envoïé du ciel pour dominer seul dans tout l’univers et commander à toute la terre, et que, comme il n’y avoit qu’un soleil dans le firmament, il ne devoit y avoir aussi qu’un seul Monarque dans le monde ; et dans cette espérance, continue

  1. Esprit de Mazarin, pag. 335.
  2. Ibid. p. 260