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et à ses Alliés contre les infidèles, et c’étoit-là son crime. Mais de quoi n’est-elle pas capable, lorsque, libre de toute crainte, elle mesure son droit par sa puissance ; on ne peut mieux la concevoir que par ces paroles de Jornandes : Optat mundi generale habere servitium, causas proelii non requirit, sed quidquid commiserit hoc putat esse legitimum ambitum suum, brachis metitur supertia, licentiam saliat, jus fasque contemnens hostem se exhibet natura cunctorum[1]. Telle est la France, en peu de mots, et telle sera-t’-elle, aussi longtems que la fortune lui sera favorable.

Ce fut sous le régne de Louis XIII que la Monarchie de France a commencé à se rendre si redoutable par sa puissance et par ses invasions au-dehors.... On remarque qu’elle entretenoit pour lors cinq gros corps d’armée, un en Italie, un aux Païs-Bas, un en Allemagne, un en Roussillon et le cinquième au-dedans du Roïaume, pour s’oposer au soulèvement, que l’humeur remuante du Duc d’Orléans y excitoit de tems en tems...... Ajoutons à cette dépense celle des Pensions, qu’il falloit païer ponctuellement à la Suède, à la Hollande, et à diverses Princes d’Allemagne et d’Italie, pour les tenir attachés à ses intérêts[2], celle de l’entretien de la Marine qui

  1. Lib. reb. gest.
  2. Le revenu de la couronne de France n’étoit sous le règne de Charles VII que de 1,800,000. Sous le règne de Louis XIII il étoit de 50 millions de Livres, sous le règne de Louis XIV il fut augmenté encore par l’adresse du Sr. de Colbert de plus de 80 millions. Et depuis ce tems-là il est encore augmenté de beaucoup et tous les jours il augmente par le savoir faire des Ministres de ce Prince.