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étoit devenue considérable dans les deux Mers et d’une infinité d’autres créatures et d’émissaires, que l’on tenoit dans toutes les Cours, pour être averti ponctuellement de tout ce qui se passoit… Ces dépenses et plusieurs autres que j’obmets, pour éviter la longueur, montoient à des sommes immenses, et cependant l’État ne laissoit pas d’y fournir, quoiqu’il s’en fallut beaucoup que les Revenus de la couronne fussent pour lors aussi grands qu’ils sont à présent, car ils ne passoient pas les 50 millions de livres, au lieu que Colbert les a accru sous ce Règne de 80 millions et plus, outre qu’il y avoit beaucoup de désordres dans l’Administration, à quoi l’on a remédié sous le même Ministre ; d’où l’on peut voir que tout est devenu possible à la France, depuis que le Roïaume a été assujéti à la violence arbitraire de ses Rois.

Pour ce qui est des Grands et des Princes du sang, même leur crédit y est tellement abaissé, qu’on ne peut plus les considérer que comme les plus illustres Esclaves de la cour ; nulle autorité dans le Gouvernement, nulles prérogatives dans les Provinces. Ce n’est qu’à force de servitude qu’ils peuvent aspirer à un dégré de distinction…[1]. Le Cardinal de Richelieu, Prémier Ministre de Louis XIII et le génie le plus élevé de son tems, s’étant mis en tête de rendre la Monarchie florissante au dehors, il crut que cette même pétulance de la Nation, qui en avoit si longtems arrêté le progrès, y serviroit utilement, si l’on y pouvoit raporter toute son animosité, et ce fut ce qui lui

  1. Salut de l’Europe 1694.