Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/278

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pas de l’élèver à une telle hauteur, qu’il a été facile à ses successeurs de l’achever. En effet, les Intendans furent établis dans les Provinces, pour attirer à eux, avec l’apui de la cour, toute l’autorité du Gouvernement politique et militaire, les lieutenans du Roi, instalés dans toutes les places fortes, pour y partager le commandement avec les Gouverneurs et les créatures du Ministère, préférées dans toutes les charges aux brigues et aux recommandations des Grands et à la qualité ! Enfin, n’y aïant plus de bienfaits à espérer, que du côté de la cour, il fallut renoncer à tous les attachemens particuliers, pour se dévouer entièrement à elle. Ces nouveautés étoient autant de coups mortels aux prérogatives de ceux, qui faisoient le plus de figure dans l’État, parcequ’ils voïoient que leur crédit cessant, ils ne seroient plus en aucune considération. Mais le Pouvoir arbitraire aïant déjà pris racine, et les plus téméraires aïant été punis sans exceptions, tous se trouvèrent dans la nécessité de céder à la violence. C’est par ces grands ressorts et par plusieurs autres, qui sont d’une trop longue discussion, que la France a changé de forme sous le Roi Louis XIII, pour servir d’instrument à l’ambition de ses Rois, comme on ne l’a que trop éprouvé sous le Roi Louis XIV. On jugera mieux de ce changement, à la considérer dans tous ses Membres, par la différence du passé !

Autrefois le Clergé, qui étoit le prémier Membre de l’État, étoit en vénération au-dedans et en reputation au-dehors, parce que les Dignités Ecclésiastiques se donnoient à la science et à la vertu, que l’on alloit déterrer dans les universités et dans les solitudes, pour