Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/277

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fit concevoir un plan de Gouvernement tout différent du précédent. Il avoit observé que de toutes les Monarchies, il n’y que celle des Ottomans en qui il se soit trouvé une consistance plus solide et plus suivie, puisque non seulement elle s’est toujours conservée en son entier, depuis son commencement, mais même n’a cessé de s’étendre, au lieu que les autres s’étoient détruites d’elle-mêmes par le luxe, par le relachement de discipline, et par l’ambition des Grands, du moment qu’elles étoient entrées dans l’inaction, ou avoient dû céder à la force d’un nouveau conquérant. C’est pourquoi il lui prit envie de former celle de France sur ces principes, il ne la voulut pas purement militaire ; comme celle-là, parce qu’il auroit eu des extrémités trop dangereuses à apréhender dans une Revolution, outre que c’eut été en banir les arts, l’industrie, et le commerce, d’où il falloit qu’il tirât toutes les richesses. Il y trouva donc un milieu, qui fut d’attacher à la guerre la Noblesse et tout ce qu’il y avoit de gens oisifs dans le Roïaume et de réserver les peuples aux exercices que je viens de dire… Aïant donc formé ce plan, il commença à y diriger toutes ses vuës et ce fut ce qui rendit son Ministère si odieux[1] en général, et ce qui lui attira la haine de tous les Grands, par la crainte de la servitude, où ils se voïoient sur le point de tomber. Néanmoins, aïant eu l’adresse de mettre toujours le Roi et le Bien de l’État de son côté et d’attirer à soi, par cette voïe, toute l’autorité des loix et des Magistrats, il ne laissa

  1. Politique du Cardinal de Richelieu.