Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/289

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les plus vigilans et les plus industrieux pour faire valoir leurs biens, c’est qu’ils espèrent en être païés plus facilement, en même tems ils chargent moins ceux, que la paresse rend plus misérables. Renversez, dit-il, le mauvais ordre qui accable les bons, qui récompense le vice, et qui introduit une négligence aussi funeste au Roïaume, qu’à tout l’État. Mettez, dit Mentor, des taxes, des amendes et même, s’il le faut, d’autres peines rigoureuses sur ceux, qui négligent leurs champs, comme vous puniriez des soldats, qui abandonneroient leurs postes dans la guerre. Donnez des grâces et des exemptions aux Familles qui se multiplient ; augmentez à proportion la culture de leurs terres ; alors la profession du laboureur ne sera plus méprisée, n’étant plus accablée de tant de maux ; on reverra la charue en honneur, maniée par les mains victorieuses des ennemis de la patrie ; il ne sera pas moins beau de cultiver l’héritage de ses ancêtres pendant une heureuse paix, que de l’avoir généreusement défendu pendant les troubles de la guerre ; toute la campagne refleurira, Cérès se couronnera d’épics d’or, Bacchus, foulant à ses piés les raisains, fera couler du penchant des montagnes des ruisseaux de vins plus doux que le nectar ; les creux vallons rétentiront des concerts des Bergers, qui, le long des clairs ruisseaux, chanteront sur leurs flutes leurs peines et leurs plaisirs, pendant que leurs troupeaux bondissans paîtront sur l’herbe, parmi les fleurs, sans craindre le loup. Ne serez-vous pas trop heureux, ô Idomenée, dit-il, d’être la source de tant de biens, et de faire vivre à l’ombre de votre nom tant de peuples dans