Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/375

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tes sortes de raisons à la recherche et à la defense de la vérité, parlent sans savoir ce qu’ils disent, et se contentent de ce qu’ils n’entendent point[1]. Il est suffisamment démontré ci-dessus que le tems ne peut avoir été créé, voïons maintenant si nous pourions démontrer aussi que le lieu, l’espace ou l’étendue, qui sont comme la même chose, ne peuvent avoir été créés.

Si le lieu, l’espace ou l’étendue qui sont à peu près la même chose, étoient quelque chose de créé, comme nos Déicoles le prétendent, il est sûr qu’il n’y auroit eu aucun lieu, aucune espace, ni aucune étendue, avant qu’ils fussent créés. Par l’espace, l’étendue, ou le lieu j’entends ici la même chose, comme j’ai dit, avec cette différence seulement que le lieu est seulement une espace ou une étendue limitée qui contient son corps, l’espace une étendue plus spatieuse qui contient ou qui peut contenir plusieurs corps, et l’étendue en général une espace sans bornes et sans fin, qui contient tous les êtres, tous les lieux et toutes les espaces imaginables. Je dis donc que si le lieu, l’espace ou l’étendue sont quelque chose de créé, il faut qu’il n’y ait point eu de lieu, ni d’espace, ni d’étendue avant qu’ils fussent créés ; car s’ils eussent déjà été, ils n’auroient pas eu besoin d’être créés, puisqu’ils auroient déjà été tout ce qu’ils pouroient être, avant leur prétendue création. Mais si alors il n’y avoit aucun lieu, ni aucune espace, ni aucune étendue, où étoit qui les auroit

  1. Recherche de la vérité. Tom. 2, pag. 24.