Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voit pas toujours par quels motifs ils parlent, ni dans quelles vûës ils agissent. Pour moi, j’aurois peine à croire, comme dit le Sr de Montagne, que ces grands hommes, dont je viens de parler, aient parlé sérieusement, lorsqu’ils nous ont débité tant de sotises sur ce sujèt : Si ce n’est peut-être, qu’ils se soient ensuite persuadés à eux-mêmes, ce qu’ils vouloient d’abord faire seulement accroire aux autres ; semblables en cela, comme dit encore le Sr de Montagne, à ces enfans, qui s’effraient de ce même visage, qu’ils ont barbouillé et noirci à leurs compagnons, ou semblables à ces sots idolâtres, qui révèrent religieusement des troncs de bois ou de pierres, auxquels ils auront donné quelque figure. Et nos Christicoles eux-mêmes, qui adorent maintenant de foibles petites images de pâte, après que leurs Prêtres ont mistérieusement et secrétement prononcé seulement quatre paroles sur les susdites petites images de pâte. Y a t-il rien de plus sot, de plus vain et de plus ridicule ?

Je croirois donc bien plûtôt, que ces grands hommes ont voulu en cela se jouer de notre commune ignorance et bêtise, sachant bien qu’il n’y a rien qu’on ne puisse facilement faire accroire aux ignorants ; et si on veut néanmoins, qu’ils aïent véritablement dît leurs pensées en cela, comme ils le croïoient, je ne saurois dans ce cas-là m’empêcher de penser qu’ils n’aïent eux-mêmes été en cela des ignorans et des sots. On me pardonnera, si on veut, cette expression, car j’écris ici naïvement ce que j’en pense, après y avoir néanmoins réfléchi plusieurs fois, et en suivant toujours, autant qu’il m’étoit possible, les plus