Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/42

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Trinum Deum unicumque cum servore praedicat : car s’il y en a trois, qui soient véritablement Dieu, ce sont véritablement trois Dieux, et si ce sont véritablement trois Dieux, il est faux de dire qu’il n’y ait qu’un seul Dieu ; ou s’il est vrai de dire qu’il n’y a véritablement qu’un seul Dieu, il est faux de dire qu’il y en ait véritablement trois, qui sont Dieu, puisqu’un et trois ne se peut véritablement dire d’une seule et même chose. La même Religion Chrétienne enseigne et oblige de croire, que la prémière de ces prétenduës personnes divines, qu’elle apelle le Père, a engendré la seconde personne, qu’elle apelle le Fils, et que ces deux premières personnes ensemble ont produit la troisième, qu’elle apelle le Saint Esprit, et néanmoins elle enseigne et oblige de croire, que ces trois prétendues divines personnes ne dépendent nullement l’une de l’autre, et qu’elles ne sont pas même plus anciennes l’une que l’autre, l’une n’aïant jamais été avant l’autre, ce qui est encore manifestement absurde, puisqu’une chose ne peut recevoir son être d’une autre ; sans quelque dépendance de cette autre ; et qu’il faut nécessairement qu’une chose soit, pour qu’elle puisse donner l’être à une autre. Si donc la seconde et la troisième de ces prétendues personnes divines, ont reçu leur être de la prémière, il faut nécessairement qu’elles dépendent dans leur être de cette prémière personne, qui leur auroit donné l’être, ou qui les auroit engendré et produit, et il faut nécessairement aussi, que cette prémière, qui auroit donné l’être aux deux autres, ait été, avant que de leur pouvoir donner l’être,