Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/43

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puisque ce qui n’est point, ne peut donner l’être à rien.

Si donc la prémière personne a véritablement donné l’être aux deux autres, et que ces deux autres aïent véritablement reçu leur être de cette prémière, il faut nécessairement que la prémière ait été, lorsque les deux autres n’étoient pas encore, et par conséquent, qu’elles aïent été l’une avant l’autre. D’ailleurs il répugne et il est absurde de dire, qu’une chose, qui auroit été engendrée ou produite, n’auroit point eu de commencement : Or, selon nos Christicoles, la seconde et la troisième personne divines ont été engendrées ou produites, donc elles ont eu un commencement : et si elles ont eu un commencement, et que la prémière personne n’en ait point eu, comme n’aïant point été engendrée, ni produite d’aucune autre, il s’en suit nécessairement que l’une ait été avant l’autre, c’est-à-dire, que la prémière ait été avant la seconde et que la seconde ait été avant la troisième : étant absurde de dire, qu’elles soient produites l’une de l’autre, sans aucune dépendance l’une de l’autre, et sans aucune priorité, ou postériorité l’une de l’autre. Que si cela est absurde, il n’est certainement pas moins absurde de dire, qu’il n’y ait véritablement qu’un seul Dieu et qu’il y ait cependant trois personnes en Dieu. Nos Christicoles, qui sentent ces absurdités, et qui ne sauroient s’en parer par aucune bonne raison, n’ont point d’autres ressources que de dire, qu’il faut pieusement fermer les yeux de la raison humaine, qu’il faut captiver son esprit sous l’obéissance de la Foi, et qu’il faut adorer humblement de