Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/53

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imaginations et qui sont des imaginations creuses. C’est en quoi ils se rendent encore ridicules et téméraires ; car c’est se rendre ridicule et téméraire, que de vouloir juger et parler si positivement des intentions et des volontés des Dieux, sans savoir ce qui en est. En second lieu, on pouroit dire, que si ces prétenduës et divines personnes avoient véritablement la puissance d’engendrer plusieurs fils et plusieurs filles, et qu’elles n’en voulussent cependant point engendrer, il s’en suivroit, que cette divine puissance demeurerait en elles sans effèt et comme inutile ; elle seroit tout-à-fait sans effèt dans la troisième personne, qui n’engendre et ne produit aucune personne, et elle seroit presque sans effèt dans les deux autres, puisqu’elles voudroient la borner à si peu d’effets : et ainsi cette puissance qu’elles auroient, d’engendrer ou de produire quantité de fils et de filles, demeureroit en elles comme oisive et inutile, ce qui ne seroit nullement convenable à dire de divines personnes.

D’ailleurs on pouroit dire, que ce seroit dans la personne du Père une marque assez évidente, qu’elle n’auroit eu guères de plaisir et de contentement dans la génération de son fils, puisqu’il n’en auroit point voulu engendrer d’autres, et ce seroit dans les trois personnes une marque évidente, qu’elles n’auroient voulu guères de bien à tant d’autres divines personnes, qu’elles auroient pû engendrer, puisqu’elles n’auroient pas voulu leur donner l’être, qui leur auroit été si glorieux et si avantageux d’avoir. C’est certe bien dommage, que ces divines personnes aïent eu si peu d’inclination à l’amour de la génération, et qu’elles aïent