Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/54

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si peu aimé la multiplication de leur espèce : car si elles l’eussent aimée, seulement autant que les hommes aiment la multiplication de la leur, et qu’elles eussent voulu multiplier leur divine race, seulement autant que celle de Jacob multiplioit en Égypte, et qu’elles eussent voulu donner des corps à tous leurs enfans, ou que tous ces divins enfans eussent bien voulu s’incarner dans des corps humains, comme a fait le prétendu fils unique de Dieu le Père, la terre et les cieux seroient maintenant tout peuplés de divins enfans et de divines personnes, qui vaudroient beaucoup mieux que toute cette multitude d’hommes vicieux et corrompus, qui remplissent la terre de crimes et de méchancetés, et ainsi, de quelque côté que nos Christicoles puissent rendre ce prémièr et capital point de leur doctrine, elle se trouve toujours manifestement fausse, ridicule, et absurde en ce point.

Nos Deichristicoles ou Christideicoles blâment et condamnent les païens, de ce qu’ils attribuoient la Divinité à des hommes mortels, comme aussi de ce qu’ils les adoroient comme des Dieux, après leur mort. Ils ont certainement raison de les blâmer et de les condamner en cela. Mais ces Païens-là ne faisoient en cela, que ce que font encore maintenant nos Christicoles eux-mêmes, qui attribuent la Divinité à leur Christ, qui n’étoit véritablement qu’un homme comme les autres ; de sorte, que si nos Deichristicoles blâment et condamnent les païens, de ce qu’ils adoroient comme des Dieux des hommes mortels, ils devroient donc bien se condamner aussi eux-mêmes, puisqu’ils sont dans la même erreur, que ces Païens étoient, et qu’ils