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Car s’il étoit venu pour éclairer les hommes et les instruire de sa sagesse, comment disoit-il, qu’il étoit venu pour aveugler ceux qui voïent clair ? Et pourquoi parloit-il aux peuples en paraboles, afin qu’ils n’entendissent point et ne comprissent point ce qu’il leur disoit ? Ce n’étoit pas-là le moïen de les instruire, ni de les éclairer par sa sagesse. Et s’il étoit venu, comme il disoit, pour sauver les hommes, pour sauver les pécheurs et pour leur faire miséricorde, pourquoi avoit-il peur qu’ils ne se convertissent, et que leurs péchés ne leur soient pardonnés, s’ils venoient à se convertir et à faire pénitence ? Et enfin s’il étoit, comme il disoit, le bon pasteur, et s’il venoit pour donner sa vie pour le salut de ses brebis, c’est-à-dire pour le salut des hommes et pour les sauver tous, comment pouvoit-il dire qu’il étoit venu pour les perdre, pour allumer entr’eux le feu de la guerre et de la division, et mettre la discorde partout et même entre les plus proches parens et amis ? Tout cela se contredit et se détruit manifestement de soi-même, et il n’apartient qu’a un fou et à un fanatique de parler de la sorte.

Voici encore comment il prêchoit. Se voïant un jour suivi par des troupes de peuples,[1] il monta sur une montagne, et s’étant assis, il ouvrit sa bouche, et regardant ses disciples, il leur dit, comme en prononçant des oracles : Bienheureux sont les pauvres d’esprit, car le Roïaume du ciel est à eux ; bienheureux sont ceux qui ont l’esprit doux, car ils auront la terre

  1. Matth. 5, 1.