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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

CAMILLE.

Tu étais là ?

LUCILE.

Chut !… Ils dorment à côté. J’étais là, cachée. Je suis restée tout le temps. J’écoutais et je voyais tout.

CAMILLE.

Tu ne t’es point couchée ?

LUCILE.

Comment pourrait-on dormir avec tout ce vacarme ? — Oh ! Camille, comme ils t’ont acclamé !

CAMILLE, content.

Tu as entendu comme ils ont crié ?

LUCILE.

Les vitres en tremblaient. Je riais dans mon coin. J’aurais voulu crier aussi. Comme je ne pouvais pas, j’ai fait des extravagances, je suis montée sur une chaise, j’ai… devine ce que j’ai fait…

CAMILLE.

Comment puis-je deviner ?

LUCILE.

Devine, si tu m’aimes. Si tu n’as rien senti, c’est que tu ne m’aimes pas. Qu’est-ce que je t’ai envoyé ?

CAMILLE.

Des baisers.

LUCILE.

Tu m’aimes ! C’est cela. Des paniers de baisers. Il s’en est égaré quelques-uns sur ceux qui t’applaudissaient… Ô les amours, comme ils criaient ! Comme tu es devenu glorieux, mon Camille, en un jour, un seul jour ! L’autre semaine, il n’y avait que ta Lucile qui te connaissait, qui savait ce que tu valais. Aujourd’hui, tout un peuple…

CAMILLE.

Écoute…

Bruit joyeux et tumultueux de Paris.