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LE 14 JUILLET

HOCHE.

Mourir ? Allons donc ! On ne meurt que quand on veut mourir.

Le ciel s’éclaire derrière les maisons et la masse sombre de la Bastille.

Hourrah ! Voyez le jour, le jour nouveau, l’aurore de la Liberté !

JULIE, qui, sur l’épaule de Hoche, s’est tenue jusque-là toute riante, excitée, et muette, un doigt dans sa bouche, se met à chanter d’une voix fluette une ronde nationale du temps.

Liberté, dans ce beau jour
Viens remplir notre âme…

HOCHE, riant.

Entendez-vous ce petit moineau ?

Le peuple rit.

Allons, gai ! gai ! au devant du soleil !

Il reprend l’air de la petite Julie, en se mettant en marche ; et la masse entière du peuple s’ébranle, joignant ses voix au chant de Hoche et de la petite fille. Il se trouve aussitôt une petite flûte, qui accompagne d’une façon alerte et aiguë la ronde populaire. À la musique se mêlent de grandes clameurs enthousiastes, les cloches qui s’éveillent de proche en proche, et des bruits confus qui persistent pendant la scène suivante. Gonchon et les miliciens tremblants sont poussés par une foule railleuse et rieuse, parmi laquelle la Contat et Hulin. Hommes et femmes sortent des maisons, se joignent au peuple, courent après lui. — Une tempête joyeuse.
Tandis que le peuple s’écoule bruyamment hors du théâtre, Desmoulins, qui l’accompagne jusqu’à la sortie de la scène, revient sur ses pas, monte précipitamment sur la barricade, va à la fenêtre de Lucile, et appuie sa figure contre les vitres. Pendant la fin de l’acte, le bruit du peuple, des cloches, des tambours, continue à bourdonner au dehors. Quelques retardataires sortent encore des maisons, mais ils ne prennent pas garde aux amants.
CAMILLE, à mi-voix.

Lucile…

La fenêtre s’ouvre doucement, Lucile. Lucile passe les bras autour du cou de Camille.
LUCILE.

Camille…

Ils s’embrassent.