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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

remis de la part de je ne sais quels robins, qui s’intitulent Comité permanent, nous fait la demande saugrenue de partager la garde de la Bastille entre nos troupes et les bandes populaires.

Les soldats s’esclaffent, les chefs s’indignent.
VINTIMILLE.

Belle proposition !

HOCHE, à de Launey.

Écoutez-moi, monseigneur. Empêchez le carnage. Ce n’est pas à vous que nous en avons, c’est à cet amas de pierres, à cette force malfaisante, qui pèse depuis des siècles sur Paris. La force aveugle n’est pas moins honteuse pour ceux qui l’imposent que pour ceux qui la subissent. Cela révolte la raison. Vous qui êtes plus intelligents que nous, vous devez le sentir et en souffrir plus que nous. Aidez-nous donc, au lieu de nous combattre ! La raison, pour qui nous luttons, est votre bien comme le nôtre. Rendez la place, de vous-mêmes ; n’attendez pas qu’on vous la prenne.

VINTIMILLE.

La raison, la conscience, il en a plein la bouche… Ces singes de Rousseau ! — à de Flue. Mes compliments, vous nous avez fait un joli cadeau !

DE FLUE.

Quel cadeau ?

VINTIMILLE.

Votre Jean-Jacques. Vous auriez pu le garder en Suisse.

DE FLUE.

Nous nous en serions bien passés nous-mêmes.

DE LAUNEY, à Hoche.

Tu es fou. Où a-t-on vu que les plus forts vont, de gaieté de cœur, remettre leurs armes aux plus faibles ?

HOCHE.

Vous n’êtes pas les plus forts.