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LE 14 JUILLET

DE LAUNEY.

Tu comptes pour rien ces braves, vingt pièces de canon, vingt coffres de boulets, des milliers de cartouches ?

HOCHE.

Vous pourrez tuer quelques centaines d’hommes. À quoi bon ? Il en reviendra des milliers.

DE LAUNEY.

Nous serons secourus.

HOCHE.

Vous ne serez pas secourus. Vous pouviez l’être. Vous ne l’avez pas été. Un roi ne fait pas égorger son peuple : ce ne serait pas seulement un assassinat, mais un suicide. Vous serez vaincus, je vous assure. Vous faites étalage de votre artillerie. Vous êtes habitués aux vieilles guerres, vous ne comprenez pas celle-ci ; vous ne savez pas ce que c’est qu’un peuple délivré. La guerre est un jeu pour vous, vous n’y croyez pas. Depuis Malplaquet, personne ne s’intéresse plus à la patrie. Vous étiez les amis des ennemis que vous combattiez ; vous vous réjouissiez des succès du roi de Prusse. La victoire n’est pas une nécessité pour vous. Nous, nous n’avons pas le choix : il faut que nous vainquions. — Aux Invalides. Mes camarades, je vous connais bien, je vous respecte : vous êtes de fiers vieux gas. Mais quand vous vous battiez, c’était pour obéir à des ordres ; vous ne savez pas ce que c’est que de se battre pour soi. — À Béquart. Vous-même, père Béquart, — nous vous aimons tous, nous honorons votre vaillance ; — mais quand vous étiez à Prague, enfermés par l’ennemi, vous ne défendiez que votre peau. Nous, c’est notre âme, l’âme de nos fils, de tous ceux qui sortiront de nous… Vous entendez ce peuple au pied de ces murs ? Ce n’est là qu’une partie de nos forces. Des millions d’êtres, tous les peuples à venir combattent dans nos rangs, tout ce formidable invisible, qui gagne les batailles.

DE FLUE.

Tu nous ennuies. Nous allons balayer en quelques volées de canon ces forces invisibles.