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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

HOCHE.

Ne tirez pas ! Si vous tirez, vous êtes perdus. Un peuple n’est pas une armée régulière ; on ne le déchaîne pas impunément.

VINTIMILLE, à lui-même, considérant Hoche.

Quelle étrange espèce d’hommes ! Comment cela est-il sorti de nous, de notre France ?… Ce sont des Allemands. — Des Allemands ? — Non pas. J’ai connu des Prussiens plus français que celui-ci. Qui nous a changé tout cela ?

HOCHE.

Songez qu’on peut encore s’entendre, que bientôt vous ne le pourrez plus. Dès que vous aurez fait couler le sang, rien ne l’arrêtera plus.

DE FLUE.

Retourne tes conseils à tes amis.

HOCHE, haussant les épaules. — À Julie.

Viens-t’en, pigeon de l’arche, on refuse ton rameau d’olivier. — Il remet Julie sur son épaule.

DE LAUNEY, à Hoche.

Rien ne peut prendre la Bastille. Elle peut être livrée, non prise.

HOCHE.

Elle sera livrée.

DE LAUNEY.

Et qui la livrera ?

HOCHE.

Votre mauvaise conscience.

Hoche sort avec Julie, dans le silence général, sans qu’on pense à l’arrêter.
VINTIMILLE, réfléchissant.

Notre mauvaise conscience…

DE LAUNEY, brusquement.

Eh bien ! pourquoi l’a-t-on laissé partir ?