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LE 14 JUILLET

UN SUISSE, à de Flue.

Ils vont nous massacrer.

DE FLUE, dogmatiquement.

Peut-être bien.

Il s’assied sur un tambour et allume sa pipe.
LES SUISSES, s’épongeant le front.

Damnée chaleur ! Est-ce qu’on ne pourrait pas boire ?

Un Suisse va chercher à la cantine une cruche qu’ils se passent. — Les Suisses sont groupés à gauche, près de leur officier, indifférents, ennuyés. Les Invalides à droite, autour du canon où s’appuie Vintimille ; ils suivent des yeux avec respect tous ses mouvements. Béquart tient l’encrier. Vintimille lui lit à voix basse ce qu’il vient d’écrire. Béquart approuve de la tête. Ses camarades, à côté de lui, se redisent les mots, et hochent aussi de la tête.
LES INVALIDES, entre eux, avec un mélange d’ironie et de contentement.

La chèvre a pris le loup.

VINTIMILLE.

Je demande leur parole qu’il ne sera fait de mal à personne.

BÉQUART.

Cela ne nous coûte rien de demander.

VINTIMILLE, souriant.

Ni à eux de promettre. — Il va à de Flue. Voulez-vous signer ?

DE FLUE, signant.

Belles façons de se battre ! — Après tout, c’est leur affaire.

VINTIMILLE.

Le difficile n’est pas d’écrire, c’est de se faire lire par eux.

Les Invalides qui s’approchent de la porte sont accueillis par des coups de fusil.
LES INVALIDES.

Ils sont enragés, ils ne laissent approcher personne.

BÉQUART.

Donnez-moi le poulet.