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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

cœur, vous verrez si les portes des prisons ne s’ouvriront pas d’elles-mêmes !

HÉRAULT.

Pour qui ?

LUCILE.

Pour les tyrans.

HÉRAULT.

Ô bergère imprudente, comme tu gardes mal tes moutons ! … « Vite à la bergerie ! » Écoute donc ta chanson.

Une domestique vient prendre l’enfant des mains de Lucile, et l’emporte. Lucile cause à voix basse avec elle, sort, rentre, est toujours en mouvement pendant toute cette scène, s’occupe aux mille petites choses de la maison, et ne prend part aux entretiens qu’à l’étourdie.
CAMILLE.

Lucile a raison : il faut lutter. C’est à nous de diriger la Révolution, que nous avons faite. Cette voix n’a pas encore perdu son pouvoir sur la foule. Il a suffi de parler pour envoyer les enragés à la guillotine. Jamais, nous n’avons été plus forts, poursuivons nos succès : le Luxembourg n’est pas plus difficile à prendre que la Bastille. Nous avons terrassé neuf siècles de monarchie ; nous viendrons bien à bout d’un comité de gredins, qui ne tiennent leur pouvoir que de nous, et qui osent en user pour mettre la Convention et la France en coupe réglée.

PHILIPPEAUX, se promenant avec agitation.

Les scélérats ! S’ils se contentaient d’assassiner ! Mais non. Ils ont impliqué Fabre dans les concussions et les rapines de la Compagnie des Indes ; ils ont inventé ce conte invraisemblable, cette histoire de Juifs, de banquiers allemands achetant notre ami pour corrompre l’Assemblée. Ils savent qu’ils mentent ; mais leur conscience ne serait pas satisfaite, s’ils ne commençaient par salir leur ennemi avant de le tuer.

HÉRAULT.

Nous avons des ennemis vertueux : c’est une consolation, quand on est égorgé, de l’être au nom des bons principes.