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DANTON

CAMILLE.

La France hait Tartuffe. Fessons le cuistre et bâtonnons Basile !

PHIILIPPEAUX.

J’ai fait mon devoir : que chacun fasse de même ! J’ai traîné au grand jour les brigands de l’armée de l’Ouest, l’état-major de Saumur. J’ai mordu à la gorge ces misérables ; et rien ne me fera lâcher prise, que la chute de ma tête. Je n’ai pas d’illusions : je sais ce qu’il en coûte d’attaquer le général Rossignol et ses souteneurs. Le Comité se recueille en ce moment ; mais c’est pour mieux me perdre. Quelle infamie cherchent-ils à me faire endosser ? J’ai la fièvre d’y penser. Qu’ils me guillotinent, s’ils veulent ; mais qu’ils ne touchent point à mon honneur !

HÉRAULT.

Je suis plus tranquille que toi, Philippeaux. Je sais déjà le prétexte dont ils se serviront pour me supprimer. J’ai le malheur de penser qu’on peut être l’ennemi des gouvernements de l’Europe, sans haïr tous ceux qui ne sont pas Français. J’avais des amis à l’étranger ; je n’ai pas cru devoir y renoncer, pour flatter la folie de Billaud-Varenne et des malades de son espèce. On s’est introduit chez moi, on a forcé mes tiroirs, on m’a volé quelques lettres de pure affection : c’est assez ; je fais partie maintenant de la fameuse conspiration payée par l’or de Pitt, pour rétablir le roi.

CAMILLE.

Es-tu sûr de ce que tu dis ?

HÉRAULT.

Tout à fait sûr, Camille. Ma tête ne tient plus guère.

CAMILLE.

Mets-toi donc à l’abri.

HÉRAULT.

Il n’est point d’abri dans le monde pour un républicain. Les rois le traquent, et la République le dévore.