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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

CAMILLE.

À qui veux-tu que je m’adresse ? Aux aristocrates[P 1] ? — J’ai demandé un Comité de clémence ; j’ai voulu que ce peuple jouît enfin de la liberté, qu’il semble n’avoir conquise que pour satisfaire les rancunes d’une poignée de scélérats. J’ai voulu que les bommes missent fin à leurs querelles, et que l’amour fit d’eux une grande famille fraternellement unie. Il paraît que de tels souhaits sont un crime. — Et moi, j’appelle un crime la furieuse politique qui avilit la nation, qui diffame le peuple, en lui faisant mettre la main dans le sang innocent, à la face de l’univers[P 2].

LE PRÉSIDENT.

Ce n’est pas vous qui accusez, c’est vous qu’on accuse.

CAMILLE.

Eh bien, je m’accuse moi-même, si vous voulez, je m’accuse de n’avoir pas pensé toujours comme aujourd’hui. Trop longtemps, j’ai cru à la haine, la passion du combat m’a égaré, j’ai fait trop de mal moi-même ; j’ai attisé les vengeances ; la hache fut plus d’une fois aiguisée par mes écrits. Ici, des innocents furent conduits par ma parole : voilà mon crime, mon vrai crime, celui que je partage avec vous, celui que j’expie aujourd’hui !

LE PRÉSIDENT.

De qui voulez-vous parler ?

FOUQUIER-TINVILLE.

De qui regrettes-tu la mort ?

PHILIPPEAUX.

Tais-toi, Desmoulins !

FABBE.

C’est un piège. Prends garde !


LE PEUPLE.
  1. Le clerc. — Tiens, parbleu !
  2. Mouvement. — La foule suit avec une attention passionnée les paroles de Desmoulins.