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LES LOUPS

QUESNEL.

Tais-toi, commandant Verrat, tu n’as pas à imposer tes volontés ici. Vous n’avez rien à reprocher au citoyen d’Oyron. Les officiers murmurent. Nous ne devons pas décourager les ralliés. Nous avons besoin de toutes les forces pour vaincre.

TEULIER, qui seul est resté silencieux et immobile au milieu du tumulte.

Non, représentant.

QUESNEL.

Quoi, toi aussi, Teulier ! toi qui es un homme sensé, qui m’as dit toi-même tout le parti qu’on pourrait tirer de l’expérience militaire des aristocrates !

TEULIER.

Depuis, je les ai vus de près. Ils nous font plus de mal que de bien. Moins nombreux, nous serons plus forts. Les pires ennemis sont les amis tièdes, qui discutent et critiquent, sans croire aveuglément. Je me défie des aristocrates. Fais ce que tu voudras de d’Oyron ; pour moi, je viens de le voir à l’ouvrage : je n’en veux plus.

QUESNEL.

As-tu à te plaindre de lui ?

TEULIER.

Je te l’ai dit. Sans lui, Kalkreuth, le prince prussien, et toute la nichée de brigands seraient mes prisonniers.

D’OYRON.

Teulier n’a pas la défaite indulgente. Ses plans étaient impossibles, je l’avais toujours dit.

TEULIER.

Que parles-tu d’impossible ? Jamais un général républicain ne doit reculer avec la nature. Tout ce que j’ai décidé, je l’ai fait. Avec mes deux mille hommes, j’ai traversé, cette nuit, par surprise, l’armée ennemie entière ; j’ai pénétré jusqu’aux portes du grand quartier général. Si tu étais venu, comme je l’avais ordonné, j’enlevais sans com-