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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

bat, d’un grand coup de filet, l’état-major de Prusse endormi.

D’OYRON.

Le difficile n’était pas d’aller, mais de revenir. Tu t’étais jeté follement dans la gueule du loup ; il s’en est fallu de peu qu’elle se refermât sur toi. Si je n’avais pris sur moi de modifier tes plans et de détourner l’attention de l’ennemi, en attaquant un autre point, tu ne serais pas revenu à Mayence.

TEULIER.

Ton simulacre d’attaque n’est qu’une fuite déguisée. Tu devais me rejoindre, quelque prix qu’il t’en coûtât.

D’OYRON.

Si j’avais obéi aveuglément, je me serais fait écraser avec toi dans le même traquenard.

TEULIER.

Tu te serais entendu avec les Prussiens que tu n’aurais pas agi autrement.

D’OYRON, haussant les épaules.

J’ai sauvé ton armée.

TEULIER.

Tu avais un plan tracé. Tu devais le suivre sans dévier d’une ligne.

D’OYRON, ironique.

Le citoyen Teulier se croit toujours dans son fauteuil de l’Académie des Sciences. Il s’imagine que la réalité se plie docilement aux chiffres et aux figures géométriques. Ce n’est pas la dernière fois que le fait donnera une chiquenaude à son idée.

TEULIER.

Toute volonté forte soumet la nature à sa raison. Une action calculée jusque dans les détails par un esprit lucide et résolu, est plus qu’aux trois quarts accomplie.