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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

JEAN-AMABLE.

Vendu ! Traître ! Prussien !

D’OYRON, le saisissant à la gorge.

Rétracte ! Rétracte !

Tous les officiers dégainent contre lui, et arrachent Jean-Amable de ses mains. Verrat et Quesnel s’interposent. L’hôtelier et les gens de l’hôtel se pressent à la porte, épouvantés, surexcités, et parlent d’une façon indistincte.
QUESNEL.

Silence ! Silence !… Écoute, traître. Et vous, citoyens, soyez calmes. Voici la lettre que portait au commandant d’Oyron un espion du roi de Prusse.

D’OYRON, hurlant.

C’est faux !

QUESNEL, lisant.

« Monsieur le chevalier, c’est avec une joie véritable que je vous donne acte de notre satisfaction pour la sincérité de vos promesses et l’efficacité de vos bons offices. Peu s’en est fallu que notre état-major ne fût, sans vous, pris au piège de cette nuit. Il me semble pourtant que vous eussiez pu nous prévenir un peu plus tôt. Néanmoins, grâce à votre adroite feinte d’attaque sur le Bretzenheim et à votre fuite habile, je me plais à reconnaître que vous nous avez tirés d’un sérieux embarras, et évité un échec dont les conséquences eussent été des plus graves. Je tiens à vous assurer que le roi mon maître gardera le souvenir de si précieux services, et qu’il les reconnaîtra dès que les temps seront plus calmes et la victoire assurée. Continuez-nous votre aide et vos renseignements. Confiance ! D’ici peu, la carcasse de ces tueurs de rois se balancera aux murs de notre pauvre Mayence. Vous pouvez me répondre par le même courrier. Il est de toute sûreté. — Signé : de Zastrow. »

D’OYRON, qui n’a cessé de se débattre, avec des cris inarticulés, rugit.

C’est faux, c’est faux ! tout est faux et absurde ! On veut me perdre !

Les officiers vocifèrent.