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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

lerait, elle ne serait rien de plus qu’un des repaires de tyrans où nous portons la hache. Elle s’effacerait du monde… La France oppressive, et bourreau à son tour ! J’aimerais mieux la briser de mes mains, comme ceci !

Il brise sur le carreau une assiette, qu’il a prise sur la table en parlant.



Scène VI

LES PRÉCÉDENTS. — UN SOLDAT entre, hors d’haleine.
LE SOLDAT.

Citoyens !

QUESNEL.

Un courrier.

LE SOLDAT.

C’est fait ! nous les avons !

QUESNEL.

Les îles sont prises ?

LE SOLDAT.

Vainqueurs ! Les sans-culottes ont repoussé les bien-vêtus. Nous les avons frottés et envoyés souper dans le Mein, la tête en bas, avec les carpes. Ah ! citoyens, ç’a été beau ! — Tu permets ? la langue me colle… Il boit au flacon et dans le verre de Teulier. Toute la nuit, j’ai mangé des cartouches. — L’île Kopf est à nous ! Tonnerre, quelle bataille !… Vous n’avez jamais vu ça, mes petits… Le commandant Verrat… ah ! le bougre ! c’est un lion ! on ne lui voit plus que les yeux ; il est tout noir de poudre… Imagine, citoyen, ce que ce sacré bon gas a inventé pour nous faire passer. Pour détourner l’ennemi, tandis que nous allions sur nos radeaux, ce diable-là croisait dans le canal, entre la rive et l’île, sur un bateau avec trente hommes et deux pièces de canon, afin d’attirer sur lui l’attention des Prussiens. Une heure, il est resté ; il attirait tous