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LE 14 JUILLET

leurs, je n’aime pas toutes ces violences, et je ne crois guère à leurs révolutions. Mais je ne suis pas des vôtres, et je ne veux pas non plus que vous puissiez nuire à mes camarades. Qu’êtes-vous venu faire ici ?

VINTIMILLE.

Je te trouve bien curieux.

HULIN.

Pardon ; mais vous jouez avec la mort. Ignorez-vous comme on vous hait ?

VINTIMILLE.

Je viens de chez ma maîtresse. Pour deux ou trois fous, vais-je changer mes habitudes ?

HULIN.

Ils sont plus nombreux que vous ne croyez.

VINTIMILLE.

Tant mieux. Plus ils seront nombreux et insolents, mieux cela vaudra.

HULIN.

Pour qui ?

VINTIMILLE.

Pour nous. Notre temps est infecté par la sensiblerie : on n’ose pas agir. On craint de donner un ordre pour réprimer l’infâme licence de la populace, de peur de faire couler quelques gouttes de sang. Cette faiblesse est la cause des désordres qui ruinent le royaume. Nous ne serons sauvés du mal que par l’excès du mal. Une bonne émeute : voilà ce qu’il nous faut. Un prétexte à la répression. Nous sommes prêts. Ce sera l’affaire d’un jour ; et l’on en aura fini pour cinquante ans avec les stupides rêveries des philosophes et des avocats.

HULIN.

Ainsi une révolution ferait votre jeu ? Il ne vous déplairait pas que le peuple se livrât à de sanglantes violences ? Au besoin, quelques crimes ?