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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

VINTIMILLE.

Qu’a-t-il ?

L’HOMME, maintenu par Hulin, — à Vintimille.

Allez-vous en ! — Pourquoi êtes-vous venu ? J’étais heureux, je ne sentais pas ma misère, j’étais libre, j’étais maître de tout. Vous me rappelez que j’ai faim, que je n’ai rien, que je ne m’appartiens pas, qu’un gredin peut être maître de moi, avec un peu de sale argent, qui avilit, et dont on a besoin. Vous m’avez gâté toute ma joie. Allez-vous en !

VINTIMILLE.

Voilà bien du bruit pour peu de chose. Qui se soucie de tes scrupules ? Je ne te demande rien. Prends.

L’HOMME.

J’aimerais mieux crever. — Toi, Hulin, donne-moi.

Vintimille tend l’argent à Hulin, qui retire sa main. L’argent tombe. L’homme le ramasse.
HULIN.

Où vas-tu ?

L’HOMME.

Me soûler, afin d’oublier.

VINTIMILLE.

Oublier quoi ?

L’HOMME.

Que je ne suis pas libre. — Canaille !

Il sort.
VINTIMILLE.

Faiseur d’embarras ! Il n’y a rien de si sot qu’un gueux, qui se permet de faire l’orgueilleux, et qui n’a pas les moyens de l’être. — Bonsoir, mon garçon. Merci.

HULIN.

Gardez vos remerciements. Je n’ai pas voulu vous nommer : car vous ne seriez pas sorti vivant d’ici. C’eût été une trahison de ma part, et je suis un honnête homme. D’ail-