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LE 14 JUILLET

HOCHE.

Il a raison. Pourquoi aurait-il confiance en nous ? Il ne nous a pas vus à l’œuvre.

Marat, interdit, devient brusquement silencieux et immobile.
LES GARDES FRANÇAISES.

Sapristi ! C’est un peu fort de se laisser accuser, quand on risque la mort pour ces oiseaux-là !

HOCHE.

Bah ! il ne nous connaît pas, cela ne fait rien. Avec bonté. Tu te trompes, Marat ; mais tu fais bien de veiller sur le peuple. Au peuple. Nous nous comprenons à demi-mot, camarades ; il ne nous a fallu qu’un instant pour sentir que nous étions de braves gens, et pour avoir foi les uns dans les autres. Pourtant, il n’a pas tort de vous donner une leçon de prudence : nous sommes en temps de guerre, vous avez le droit de demander des comptes à tous, personne ne peut s’y distraire.

LE PEUPLE.

Nous te connaissons, Hoche, tu es un ami.

HOCHE.

Prenez garde à vos amis. Souriant. Je ne dis point cela pour moi. Au reste, vous êtes encore en trop mauvaise situation pour avoir beaucoup d’amis : ils ne sont pas très dangereux. Mais quand vous serez puissants, vous les verrez venir, et c’est alors qu’il faudra ouvrir l’œil.

LES GARDES FRANÇAISES.

Il est bon avec ses conseils. Il veut qu’on soit prudent, et il ne se défie de personne.

HOCHE, riant.

Oh ! moi, quand deux yeux me plaisent, je m’y laisse toujours prendre. Mais si je suis un sot, cela ne regarde que moi. Vous, vous avez le monde à sauver. Ne m’imitez pas. — Nous sommes quelques centaines de gardes françaises. Nos officiers, qui savaient nos sympathies pour le peuple,