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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

ont voulu nous envoyer à Saint-Denis pour nous éloigner de vous. Nous avons quitté la caserne, et nous vous offrons nos sabres. Pour rassurer Marat, divisez-nous en groupes de dix ou de vingt, et que chacun de ces groupes soit encadré dans un bataillon populaire. Ainsi, vous serez maîtres de nous, et nous pourrons vous diriger et faire votre apprentissage. Veux-tu m’accompagner, Marat ? Il y aura profit pour tous deux. Tu verras qu’il y a de braves gens encore, et peut-être m’apprendras-tu à me défier des traîtres, bien que je craigne que tu ne perdes ta peine.

Marat, qui n’a cessé de dévorer des yeux Hoche, et de suivre ses paroles, avec une attention violente, s’avance vers lui, et lui tend la main.
MARAT.

Je me suis trompé.

HOCHE, lui prend la main en souriant.

Comme il doit être fatigant de toujours soupçonner ! J’aimerais mieux mourir.

MARAT, soupirant.

Moi aussi. — Mais tu l’as dit tout à l’heure : il ne s’agit pas de nous, il s’agit de la Nation.

HOCHE.

Continue donc d’être l’œil vigilant du peuple. Mais je ne t’envie pas, ma tâche est plus aisée.

MARAT, regardant Hoche.

Ô Nature, si les yeux et la voix de cet homme sont menteurs, il n’y a plus d’honnêteté. Soldat, je t’ai offensé devant tous. Devant tous, je te demande pardon.

HOCHE.

Tu ne m’as pas offensé. Personne ne sait mieux que moi ce qu’est un chef militaire, et les dangers qu’il fait courir à la Liberté. Le gouvernement militaire est celui des esclaves, il ne peut convenir à des hommes : nous l’abhorrons comme