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Paysage dans l’Ouanyamouézi. — Dessin de Lavieille d’après Burton.


VOYAGE AUX GRANDS LACS DE L’AFRIQUE OCCIDENTALE,

1857 – 1859




Arrivée à Kazeh. — Accueil hospitalier. — Snay ben Amir. — Établissements des Arabes. — Leur manière de vivre. — Le Tembé. — Chemins de l’Afrique orientale. — Caravanes. — Porteurs. — Une journée de marche. — Costume du guide. — Le Mganga. — Coiffures. — Halte. — Danse.

« Avant d’arriver dans l’Ounyanyembé, nous avions à franchir une forêt que de nombreux vols et d’horribles assassinats ont rendue l’effroi des caravanes. On y dévalisa l’un de nos porteurs qui était resté en arrière, puis on lui cassa la tête à coups de bâton. Si triste que fût l’événement, c’était nous en tirer à peu de frais, si l’on considère qu’un seul Arabe se plaignait d’avoir perdu, à différentes reprises, cinquante charges d’étoffes et cinquante porteurs.

« De cette forêt nous entrâmes dans les rizières des districts de l’Ounyanyembé ; et après avoir couché dans un sale petit village, appelé Hanga, il ne nous resta plus que deux marches à faire pour nous rendre à Kazeh.

« Quatre mois et demi après notre départ de la côte, le 7 novembre 1857, j’arrivai à Kazeh, principal établissement des Arabes dans ces parages, et chef-lieu de l’Ounyanyembé.

« Nous étions partis au point du jour ; les Béloutchis avaient leur costume d’apparat, sans lequel il est rare qu’un Oriental voyage ; mais on devait bientôt remballer cette belle parure pour l’échanger plus tard contre un nombre plus ou moins grand d’esclaves. À huit heures nous fîmes halte près d’une petite bourgade, afin que les traînards pussent nous rejoindre, et lorsque, drapeau au vent, la caravane serpenta dans la plaine au son des cors, au bruit des voix, ou plutôt des clameurs qui dominaient l’artillerie, elle présenta un coup d’œil vraiment splendide. La foule, qui se pressait aux deux côtés du chemin et qui rivalisait avec nous d’acclamations bruyantes, était vêtue avec un luxe auquel nous n’étions plus habitués. Quelques Arabes se trouvaient au bord de la route ; ils me saluèrent avec la gravité musulmane, et nous accompagnèrent pendant quelques instants. Parmi eux étaient les principaux négociants de l’endroit : Snay ben Amir, Seïd ben Medjid, bel et jeune Omani de noble race, Mouhinna ben Soliman, qui, malgré son éléphantiasis, pénétrait à pied, tous

  1. Suite. — Voy. page 305.