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sants, c’est que, tant au physique qu’au moral, il n’a rien de caractéristique qu’un orgueil démesuré.

Il n’en est pas de même des sauvages de l’est que les Cambodgiens appellent encore leurs frères aînés ; nous avons séjourné parmi eux pendant près de quatre mois, et, au sortir du Cambodge, il nous semblait avoir passé dans un pays comparativement civilisé. Une grande douceur, une certaine politesse, des convenances et même un goût de sociabilité, toutes choses qui pourraient bien être les germes perpétués d’une civilisation éteinte, nous ont frappé dans ces pauvres enfants de la nature perdus depuis des siècles au milieu de leurs profondes forêts qu’ils croient être la plus grande partie du monde, et qu’ils chérissent au point que rien ne peut les en détacher.

En visitant les ruines d’Ongkor, nous avons été singulièrement étonné de retrouver dans la plupart des bas-reliefs de ses monuments des traits frappants de ressemblance avec le type du Cambodgien et celui du sauvage. Régularité du visage, longue barbe, étroit langouti, et, chose caractéristique, à peu près mêmes armes et mêmes instruments de musique.

Doués d’une oreille excessivement délicate et d’un goût extraordinaire pour la mélodie, ce sont les tribus des montagnes qui confectionnent les tam-tams de forme antique, très-prisés des peuples voisins, et qui ont une grande valeur. Ils marient, en les variant, les sons de plusieurs de ces instruments à celui d’une grosse caisse, et obtiennent une musique assez harmonieuse.

Armes, ornements et ustensiles sculptés sur les parois d’Ongkor-Wat, et encore en usage parmi les Cambodgiens et les tribus des montagnes.

Leur usage est encore d’enterrer et non de brûler les morts, et l’on voit à Ongkor Thôm des pierres telles que celles dont nous avons parlé, en mentionnant les esplanades qui se trouvent dans l’enceinte de la grande ville et qui ont l’air de mausolées.

L’écriture leur est inconnue ; ils mènent par nécessité une vie un peu nomade, et toute tradition sur leur antiquité s’est éteinte depuis longtemps. Les seuls renseignements que nous ayons pu tirer des vieux chefs des Stiêngs, c’est que, bien au delà de la chaîne de montagnes qui traverse leur pays du nord au sud, se trouvent aussi des gens du haut (tel est le nom qu’ils se donnent, celui de sauvages les blesse fort), parmi lesquels ils ont beaucoup de parents, et ils citent même des noms de villages ou de bourgades situés jusque dans les provinces occupées actuellement par les envahisseurs annamites.

Au retour de mon excursion chez les sauvages stiêngs je rencontrai, à Pinhalu, M. G. Fontaine, ancien mis-


    des causes principales et fatales du chiffre restreint de la population, sur un territoire aussi étendu et aussi favorisé par la nature.

    « Un navire de guerre français surveille la capitale et les États du Cambodge.

    « L’amiral la Grandière a visité avec un extrême intérêt et aussi en détail que possible les mines de la province d’Ongkor. Elles sont au-dessus de l’idée que l’on avait pu s’en faire, et de beaucoup supérieures à tout ce qu’on peut voir en Europe. Elles se trouvent à quinze milles du grand lac Touli, au milieu d’une forêt dont les arbres se font remarquer par leur élévation et par la régularité merveilleuse de leurs tiges. Le gisement en exploitation, irrégulier d’ailleurs, a neuf lieues de tour. Ces mines appartiennent au royaume de Siam, dont nous sommes devenus les voisins depuis notre installation dans la basse Cochinchine. »