Page:Le Tour du monde - 11.djvu/152

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réunis par un ciment presque indestructible. Les parois intérieures de la caisse sont lisses, recouvertes d’une espèce de stuc rosé ; les bords sont abaissés de manière qu’à la moindre pluie les eaux dévalent et confluent dans la citerne. Ces belles et utiles antiquités auraient demandé à être protégées par l’autorité turque, si vigilante quand il s’agit de quelque invention fiscale à mettre en œuvre ; mais comme le gouverneur et ses aides ont tous les matins leur bonne eau de Monkoullo, il leur est fort indifférent que les gueux pâtissent. Les citernes de l’intérieur de l’île croulent sans réparation ; celles qui avoisinent le rivage finissent par être victimes des envahissements de la mer qui crève leur faible barrière et y entre avec fracas à chaque marée.

Derviche et femme du peuple. — Dessin de Émile Bayard d’après un croquis de M. G. Lejean.

Quelle est l’origine de Massaoua ? Munzinger pense qu’il faut chercher ce nom dans la langue indigène (le hassia ou tigré), (où mezawa indique l’espace à travers lequel on peut entendre distinctement un cri d’appel ; c’est à peu près, en effet, la distance de l’île à la terre ferme. Je ne partage pas cet avis, vu que dans la langue tigré le nom même de la ville est Basé, et non Massaoua. Ce dernier nom appartient maintenant à une famille fort modeste de négociants du lieu, famille qui, au dire de tout le monde, est la plus ancienne de la ville. Je remarquerai à ce propos que, contre l’usage ordinaire des pays musulmans, les Massouanis ont des noms de famille. Les plus remarquables de ces noms sont Adulaï (originaire d’Adulis, Mohammed Adulaï, que j’ai connu à Massaoua, est très-probablement un descendant à la quatrième génération du Mohammed Adulaï avec qui Bruce s’y est trouvé en rapport) ; Dankali (singulier de Danakil) ; Farsi (Persan) ; Iemeni venu d’Iemen (Hadramante), et beaucoup d’autres.

Les anciens géographes citent sur cette côte une localité de Saba (Saba emporium), qui n’est pas, bien entendu, la capitale de la charmante Makada, aimée du