Page:Le Tour du monde - 11.djvu/376

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mais suffisant toutefois pour qu’on puisse passer du perchoir du puits sur celui de l’appareil, et réciproquement. Tout ceci étant bien compris, un exemple va faire saisir l’avantage du men engine. Supposons qu’à chaque oscillation de la machine à vapeur qui le commande il s’abaisse d’un mètre cinquante centimètres, et que cette machine fasse vingt oscillations par minute, soit dix oscillations utiles, ce sera un abaissement total de quinze mètres par minutes ou de quatre cent cinquante mètres en une demi-heure. Il faudrait aux ouvriers le double pour descendre ou remonter par des échelles, et au prix de quelle fatigue ! Il leur faudrait beaucoup moins, il est vrai (dix minutes au plus) pour circuler au bout du câble dans le panier à minerai ; mais le puits a presque toujours un autre service à faire, et parfois le câble se casse, entraînant à une mort certaine les ouvriers au fond du puits.

Laveuses de minerai, à Spearn Moor. — Dessin de Durand-Brager.

Nous avions donc opiné pour le men engine, autant pour échapper à la fatigue des échelles fixes, longues comme celle de Jacob, que pour essayer un appareil aussi curieux pour nous. Le capitaine passa le premier, M. L… le second, moi le troisième. D. B…, tout entier à la vue de la mer et peu soucieux d’aller salir son pinceau au fond de ces antres ténébreux, resta au dehors pour prendre des vues. Au signal habituel : Go a head ! en avant ! la machine s’ébranle, et nous voilà en mouvement.

Tout se passa d’abord assez bien. On est ému, surpris de ce balancement gigantesque dans lequel on est entraîné ; la chandelle fixée au chapeau vous éclaire à peine. On hésite à passer du perchoir de l’appareil au perchoir du puits ; on tient à peine sur ces bois mouvants ; mais il faut aller et en mesure ; car la machine n’attend pas.