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lettes qui rattachent les ceintures ; on appelle betté ces bandelettes, qui sont un des principaux luxes de la jeunesse villageoise. C’est encore sur le métier rustique que se fabriquent ces étoffes rayées ou unies, et brodées plus tard, qui forment le jupon (valnic ou cretintza) et les tabliers dits feta, pestelca ou zevelca, de la paysanne roumaine.

La Roumanie nourrit environ cinq millions de moutons. Les chèvres sont, été comme hiver, nourries de feuilles et de bourgeons ; dans beaucoup de localités, elles passent l’hiver dans la montagne, sous des abris creusés en terre et nommés olum ; les bergers abattent pour elles des arbustes, dont elles mangent les bourgeons.

Le lait des chèvres rouges est très-estimé. La viande de chèvre est employée surtout pour la préparation de la pastrama ou viande salée et séchée. Les poils servent à la confection des étoffes dites prèche ou arare.

Ces étoffes, aussi âpres au toucher qui si elles étaient en crin de cheval ou de bœuf, sont presque imperméables ; elles ont soixante-dix à quatre-vingt-dix centimètres de largeur, sont fort résistantes et servent à recouvrir les planchers et les escaliers, à garnir les voitures ordinaires dites carutza, à faire des sacs pour les céréales, à confectionner des besaces (dissagi) et des havresacs (traisté), et à garantir du froid, en hiver, les bœufs, les chevaux et principalement les buffles. Cette fabrication, pour laquelle on emploie les poils de chèvre gris, noirs, rouges et blancs, diversement combinés dans les tissus, occupe un assez grand nombre de villages.

Le chemin de la grotte, à Polovrad’j. — Dessin de Lancelot.

Il existe en Roumanie quatre espèces de porcs distinctes : l’espèce commune, fluette et à crinière ; l’espèce mongole, à corps allongé et cylindrique, à pattes courtes et à poils roux ; les animaux de cette espèce atteignent de grandes dimensions dès leur jeune âge ; l’espèce serbe, à oreilles droites, à poils crépus, à corps allongé et cylindrique, à pattes courtes : c’est la meilleure ; enfin, l’espèce de marais, qui ressemble à la race commune, et qui vit en troupeaux très-nombreux dans les îles du Danube. L’été, ils paissent dans les forêts ou dans les endroits marécageux, aux abords des villages, tandis qu’ils sont gardés, pendant l’hiver, dans les fermes où on les nourrit avec des potirons, du maïs et des résidus de cuisine.

On conduit les troupeaux dans les forêts des chênes et de hêtres pour qu’ils s’y nourrissent de glands et de faînes. Là où le gland et la faîne manquent, surtout pendant l’hiver, les porcs mangent beaucoup de racines et de fougères. Les porchers les conduisent dans un endroit où se rencontre assez abondamment cette plante ; puis ils mettent à nu quelques racines, et laissent faire l’animal, qui continue à fouiller la terre tant qu’il y trouve un peu de végétal.

Dans les marais, ils se nourrissent de racines, de joncs, de roseaux et de carex. L’engraissement dans la plaine se fait principalement avec du maïs. Les consommateurs reconnaissent très-facilement la viande et le lard des porcs nourris à la faîne de ceux nourris au maïs ; la première est luisante et plus fibreuse ; la seconde est molle et tendre, ce qui la rend préférable.