Cap Matapan. — Dessin de Th. Weber, d’après un croquis de M. H. Belle.
VOYAGE EN GRÈCE,
PAR M. HENRI BELLE,
1861-1868-1874, —
TEXTE ET DESSINS
INÉDITS.
L’Ajaceio. — Première apparition de la Lerre grecque. — Aspect désolé. — Haute falaise du cap Ténare, — L’ancien temple de Neptune. — Dangers de la navigation dans ccs parages. — Le Péloponnèse, feuille de platane, et non feuille de mûrier. — L’ancienne Cythère. — Froid glacial au « mois des roses. » — Où est donc l’Orient des poëles ? — Malvoisie.
Lorsqu’on navigue à bord d’un bâtiment de guerre, à la marche duquel les déductions scientifiques donnent une certitude que dédaignent les paquebots de commerce, on a l’avantage de connaître à toute heure sa situation, c’est-à-dire le point exact de la surface liquide où l’on se trouve, et par conséquent, à moins de ces accidents fréquents et prévus qui viennent déranger les calculs, on sait aussi le moment précis où l’on apercevra, surgissant à l’horizon, le pic ou le cap impatiemment attendu pendant les longs jours de la traversée,
L’Ajaccio avait la démarche lente et casséé des vieux serviteurs ; sa membrure, fatiguée sous le poids des ans, ployait bien d’une façon parfois inquiétante ;
tes, donnait bien à son allure quelque chose d’irrégulier et de poussif, qui devenait à la longue singulièrement agaçant ; mais le temps était superbe, la mer unie comme de l’huile, et le commandant venait d’annoncer que, le point étant fait, le loch enregistrant une vitesse de sept nœuds (ce qui n’était pas brillant), nous apercevrions vers quatre heures et doublerions vers six heures le fameux cap Matapan, le plus méridional de l’Europe, le cap des Tempêtes de la Méditerranée. |
Nous étions à table, et le second nous racontait une scène (l’anthropophagie de la Nouvelle - Calédonie, scène dans laquelle il avait failli jouer un rôle tout
passif, lorsqu’un quartier-maître entra et dit au commandant :
