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LE BATAILLON DE CYTHÈRE

c’est parfois le moment choisi des ruptures… Elle s’en va seule dans l’espoir de trouver dans ses voyages une nouvelle passion pour remplacer celle envolée. — Hélas, le rastaquouérisme fleurit mieux l’été, dans les relations de campagne, et les lapins pullulent ; — mais il n’est pas possible de rester à Paris l’été, la réputation d’une horizontale a ses exigences.

On revient avant les protecteurs que les devoirs mondains retiennent dans les châteaux, en famille, pour la chasse — c’est l’époque du guerluchonnage effréné — puis, l’hiver revenu, la vie reprend son cours de fêtes, de soupers, de théâtres. Ces pauvres femmes suivent l’existence des vraies mondaines sans avoir la compensation de celles-ci à leur fatigue. — Au moins la femme du monde couche seule quelquefois.

Mais aussi on est de l’État-major dont la notoriété balance celle des maisons les plus citées. Il en est d’aussi jolies qui s’en tiennent à un rêve plus modeste, se contentent d’un luxe douillet, seyant à leur genre de beauté pas tapageuse, préfèrent, une fois la main mise sur l’homme rêvé, s’enrichir lentement mais sûrement et ne pas courir la chance douteuse des fêtes continuelles avec leurs brusques ressauts qui désarçonnent les meilleures monteuses.

Monteuse de coup celle-là : elle persuade son seigneur que la noce ne vaut rien à l’estomac d’un homme du monde ; il ne se range pas, elle le range, se fait indispensable à ses vices et à sa santé, lui prépare chaque soir la tisane bienfaisante, jette dans la tasse,