Page:Le bataillon de Cythère, 1902.djvu/6

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
6
LE BATAILLON DE CYTHÈRE

discrètement, la drogue excitante nécessaire au réveil des sens paresseux.

Au sortir d’une liaison, il reste à cette prévoyante autre chose que le souvenir : elle ferme le compte courant de l’amant et passe par profits la somme assez ronde qu’elle a su acquérir — salaires des soirées tranquilles passées sous la lampe à la lumière paisible, rénumération des nuits énivrantes qu’elle savait embellir encore par sa science profonde de la volupté — argent bien gagné qui lui permet d’envisager l’avenir avec des yeux sereins, un sourire confiant : ses vieux jours sont assurés.

Elle devient rare, la femme galante sachant faire un intérieur à l’amant revenu des fêtes turbulentes ; il faut maintenant — voyez Mensonges — la recruter dans le monde même, dans le vrai monde, et celle de ces dames qui y consentent ont des prix si élevés que toutes les bourses n’y peuvent atteindre.

La diffusion des fortunes, la rapidité avec laquelle elles s’effondrent en ces temps de cracks de tous genres, et aussi la pingrerie naturelle aux gens de fortune récente ont créé la commandite pour ces dames ; j’entends la commandite reconnue, admise, l’autre, celle que fondent souvent par leur seule adresse les entretenues, exista de tout temps.

On a aujourd’hui une part d’horizontale comme on a une part d’action ; en arrivera-t-on à libérer la première et à l’offrir comme on offre les actions — en échange d’un service ou d’un emploi honorifique ?

Il est impossible de dépeindre complètement, avec