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blement résignée au silence absolu, dont les préjugés lui faisaient une loi ; et si, de loin en loin, quelques unes ont tenté de se mettre en relief, elles ont presque toujours payé par d’amers regrets, les suffrages que quelques esprits avancés leur prodiguaient… Dans un tel état de choses, si les femmes n’ont pas été à la hauteur de leur siècle, si elles se sont traînées à la remorque, ce n’est pas elles qu’il faut accuser, mais bien une société dont les prétentions ont eu, trop long-temps, force de loi. Grâces en soient rendues, cependant, aux hommes de conscience et de justice, les erreurs s’en vont, et notre siècle ne dit plus anathême aux femmes qui veulent sortir de la route commune, en vue de faire quelque bien. Chacune peut maintenant exercer son action moralisante. Sans-doute, toutes ne sont pas destinées à travailler, d’une manière générale, au développement des masses, mais toutes ont des liens de famille, et c’est là, surtout, que leurs devoirs doivent être rigoureusement remplis ; il faut en convenir, si l’éducation intellectuelle de l’homme ne laisse rien à désirer, sous plus d’un rapport son éducation morale est incomplète, inachevée, surtout en ce qui touche à la vie familiale, aux relations intimes, si douces quand on les entoure de bons procédés, de mutuels égards.

Selon nous, la partie morale de l’éducation est, plus particulièrement, du domaine de la femme ; et comme une nation se distingue bien plus par ses mœurs que par ses lois, les différentes phases sociales, où les femmes ont exercé quelque empire, ont toujours eu la priorité, témoin le moyen âge, de chevaleresque et glorieuse mémoire, où, après la divinité, la dame recevait de son chevalier un culte religieux et pur. Courage, dévouement, fidélité, tout était dû à ses inspirations : et quand