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DE L’AVENIR DES FEMMES.


C’est vainement que de moroses censeurs, de froids et routiniers moralistes déprécient avec chagrin l’Europe moderne : une civilisation progressive se dessine admirablement dans le 19me siècle ; et le temps actuel sera cité dans l’avenir comme une époque de transition sur laquelle, il est vrai, pèse l’anarchie des idées en morale comme en religion et en politique, mais de laquelle surgira une amélioration notable, nous osons l’espérer. En vain le passé se dresse à nos regards, tout fier encore de sa vieille expérience : ce ne sont plus que de pauvres lambeaux, que les hommes d’autrefois prétendent disputer à la génération nouvelle ; toutes les croyances sont affaiblies et cependant croire et espérer sont les besoins impérieux de l’ame. Tous nos efforts maintenant doivent donc tendre à reconstruire. L’essor est donné ; la femme doit être instruite pour le bonheur de tous. Il est temps qu’elle élève une voix courageuse contre les abus dont, jusqu’à ce jour, on accabla sa faiblesse. Je sais combien de telles idées vont provoquer de sarcasmes ; il faut bien l’avouer : c’est une tâche difficile qu’accepte celle qui s’impose l’obligation de prendre l’initiative dans une question que le temps seul pourra résoudre à son avantage ; il faut plus que du courage pour jeter ainsi son timide nom de femme à la face d’une railleuse province qui, presque toujours, n’a qu’un sourire de dédain pour une idée nouvelle ; oui, je le répète, il faut plus que du courage pour entreprendre une lutte avec un préjugé aussi vieux que le monde, préjugé révoltant d’autant que l’homme est plus avancé dans la civilisation, mais qui n’en a pas moins traversé les siècles, parce qu’il est basé sur cette loi puissante qui régit l’univers, loi qui donne