LE CONSEILLER
DES FEMMES.
La vieille Madeleine. 2e partie.
Deux jours après la disparution de Louis, c’était la veille du marché dans la petite ville de C***. Dès le grand matin la porte d’une humble maison s’ouvrit, et il en sortit une femme d’environ soixante-dix ans. Le tems et surtout l’habitude de porter des fardeaux avaient courbé sa taille maigre et petite. Sa figure ridée ne laissait plus deviner ses charmes d’autrefois ; pourtant chacun disait que Madeleine avait été jadis la perle du canton. Elle conservait une force rare à son âge, et ses yeux devenus d’une couleur grisâtre, exprimaient la bonté qui remplissait son ame.
Chargée d’une hotte encore vide, un bâton à la main, la vieille se mit en route, grignotant pour son déjeûner un morceau de pain noir. Ce jour-là, comme la veille de tous les marchés, elle se rendait chez les femmes des environs auxquelles elle achetait des légumes, des fruits